Wednesday, November 02, 2011
Qui se souvient? - Lama Shenpen Rinpoche
Qui se souvient de ces errances, de ces combats, de ces victoires?
De ces doutes, de ces certitudes, de ces questions, de cette mémoire ?
Qui se souvient de ces souffrances, de ces larmes, de ces jeux?
De ces vies, de ces morts, de ces jeunes, de ces vieux?
Qui se souvient de tous ces parents, de ces enfants, de ces amis?
Ces visages, ces silhouettes, dans la lumière ou l’ombre tapis?
Qui se souvient?
Le temps passe et avance, apparaît et trépasse,
Le monde tourne, les continents se déplacent,
Les astres apparaissent puis se couchent,
Je suis ici, là, puis là-bas,
Je me lève, vie, bouge, et me rabat,
Je me vois, me ressent, me touche,
Hommes, femmes, enfants,
Amis, ennemis, indifférents,
Serpents, chats, ou mouches,
Qui se souvient?
J'ai appris ici et ailleurs,
Dans les temples, les forêts, sous le vent,
La différence entre mal et meilleur,
Entre hier, céans et maintenant,
Eté ici méditant, et là passeur,
Dans les hauteurs, ou les profondeurs,
Dans la douleur ou le bonheur,
Créé ou créateur.
De toutes ces vies dans le temps,
De toutes ces guerres, insouciant,
De tous ces désirs malveillants,
Que gardes-tu de vaillant ?
Qui se souvient ?
A l‘aube de chaque vie, de chaque mort,
Ne comprends-tu pas qu’il est grand temps,
D’arrêter de t’infliger tous les tourments,
A toi, et aux autres, de porter tort?
Depuis des temps sans commencement,
Qu’y a-t’il de plus à vivre et essayer,
Qui ne le fut pas à en être rassasié,
A en souffrir et subir les relents?
Homme, femme, enfant, de peu de foi,
N’est-il pas temps d’ouvrir les yeux,
D’ouvrir ton coeur, ta main, et de voir mieux,
De chercher Refuge et non rester sans loi?
Ne te souviens-tu pas ?
N’y a-t’il rien qui résonne, qui t’appelle,
Au fond, dans la mémoire, dans le coeur,
Voix Claire et Connaissante du Réel?
Parole pure qui résonne, qui te revient,
Qui détruit, transcende, toutes les peurs,
Qui tranche tout ce qui te retient ?
Sans doute, avec confiance, et sans attendre,
Au-delà des désirs, des peines, et des leurres,
Comprend qu’il n’y a plus rien à prendre.
Toujours souviens-toi!
Le ciel, la terre, le jour et la nuit,
La douleur, le plaisir, ou le bruit,
N’ont de réalité que pour qui les conçoit;
Les amis, les ennemis, ceux qu’on voit,
Ceux qu’on déteste, ou en qui l’on croit,
Existent comme la lune dans l’eau qui luit.
Et n’oublie pas,
Rien n’est plus précieux que le don,
Que l’oublie de soi sans rien prétendre;
Que l’Amour, que la Compassion,
Que le service sans rien attendre.
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(c) Tous droits réservés. Ne pas reproduire sans autorisation.
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Who remembers?
By Lama Shenpen Rinpoche, 1999
Who remembers the wanderings, the battles, the victories?
The doubts, the certainties, the questions, the memory?
Who remembers the sufferings, the tears, the games?
The lives, the deaths, the young, the old?
Who remembers all the parents, the children, the friends?
The faces, the figures in light or crouched in the shadow?
Who remembers?
Time is passing and advancing, emerging and ceasing,
The world is turning, the continents are moving,
The stars are rising, then setting,
I am here, there, elsewhere,
I rise, I live, I move, I bend,
I see myself, I feel myself, I touch myself,
Men, women, children,
Friends, enemies, the indifferent,
Snakes, cats or flies,
Who remembers?
I have learnt here and there,
In temples, in forests, in the wind,
The difference between bad and better,
Between yesterday, here and now,
Having been here a meditator and there a passer,
In heights or in depths,
In sorrow or fortune,
Created or creator.
Through all the lives in time,
through all the wars, light-hearted,
Through all the malevolent desires,
What worth do you keep?
Who remembers?
At the dawn of each life, of each death,
Don’t you understand that it’s high time,
To stop inflicting all that torments,
To yourself and to others, to create troubles to others?
From beginningless time,
What is there more to live and to try,
Who has not yet been fed up with it
To suffer from it and to endure the stench?
Man, woman, child, of little faith,
Isn’t it time to open your eyes,
To open your heart, your hand and to see better,
To seek Refuge and not to stay without law?
Don’t you remember?
Isn’t there anything that resonates, that calls you,
Deep down, in the memory, in the heart,
The Clear and All-Knowing Voice of Reality?
The Pure Word that resonates, which comes back,
That destroys and transcends all of the fears,
That cuts off everything restraining you.
Without doubt, with confidence, and without expectations,
Beyond desire, sorrow and delusion,
Understand that there is nothing more to take.
Always remember!
The sky, the earth, day or night,
Pain, pleasure or noise,
Don’t have a reality but for those who conceive them;
Friends, enemies, those we see,
Those we detest or those in whom we believe,
Exist like the moon reflecting in water.
And don’t forget,
Nothing is more precious than giving,
Then forgetting ourselves without pretence,
Then Love, than Compassion,
Then service without waiting anything in return.
Lama Shenpen Riponche
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